La comtesse de sang, Maurisse Périsset (extrait)
"Eclairée par 4 grosses chandelles qui fumaient, la pièce était nue. Au fond, Ficzko tenait par la main une fille devetue. Aidé par l'inconnue, Ficzko lia les poignets de la fille avec une cordelette, puis il l'attacha à des crochets fixés au mur, bras et jambes écartés, suspendue à quelques centimètres du sol. Elle dodelinait de la tête et ses cheveux blonds faisaient un dernier rempart à son visage couvert de larmes et de sueur. Sa besogne achevée, Ficzko se tint à quelques pas de la suppliciée, attendant les ordres.
Un petit coussinet de velours rouge fixé à un poignet, Erzebeth BATHORY et l'inconnue s'avancèrent vers la fille en croix. C'est seulement quand celle-ci commença à geindre doucement, à intervalles réguliers, que Stefan et Eruka comprirent que les deux femmes étaient en train de la larder de coups d'épingles. Stefan s'étonnait que la suppliciée ne hurlat pas. En n'exteriorisant pas davantage sa souffrance, peut-être espérait-elle ne pas exciter la folie maniaque de ses tortionnaires ?
Le jeu cruel dura longtemps, dans un silence pesant seulement peuplé par les cris brefs mais réguliers de la fille. Les deux femmes marchaient devant elle, se retournaient, piquaient la peau rougie comme si elles célébraient une étrange liturgie. Puis elles se rangèrent de chaque coté de la suppliciée et Ficzko s'approcha. Monté sur un escabeau et armé de pinces acérées, il commença à arracher puis à découper en minces lanières la peau du cou, et le sang, jaillissant brusquement, recouvrit les épaules, au point que bientot Stefan ne vit plus sur le corps crucifié que les longues plaies à vif, d'où le sang s'égouttait.
Erzebeth s'avança de nouveau et Stefan constata avec effroi qu'elle s'était devetue à mi corps ; sa tunique blanche pendait sur ses hanches. Les seins de la comtesse effleuraient le corps torturé et sa bouche s'attardait sur les épaules sanguinolentes. Un long moment, Erzebeth se pressa contre le corps nu. Quand elle se retourna, Stefan la vit, barbouillée de sang, le regard reflétant la plus intense jubilation..."